Le compagnon idéal ?
En permaculture, une guilde consiste à créer des associations de végétaux multi-étagés (cf. ci-après « les strates de végétation ») souvent autour d’un arbre fruitier. Ce type de compagnonnage vise à favoriser leurs interactions et leur complémentarité.
D’abord, le questionnaire d’affinités !
En s’intéressant aux guildes, on espère sélectionner une liste de végétaux qui satisferont nos objectifs de densification et de diversification. Rappelons qu’on souhaite une rencontre entre le jardin et la forêt en pleine campagne.
Car parmi les systèmes agroforestiers actuellement en expérimentation, nous avons plusieurs prétendants avec des buts similaires mais pas identiques (écologiques, climatiques, écosystémiques, alimentaires,…). Ils privilégient des modèles à implanter en ville ou à la ferme, dans les tropiques ou en climat tempéré, en maraîchage ou verger, en pastoralisme ou sylviculture… On peut citer quelques personnalités.
Hervé, c’est notre chouchou français. Un passionné passionnant, qui nous offre un regard tant scientifique que merveilleux sur le vivant.
À la rencontre de quelques sites…
Pour trouver des infos françaises sur les guides au sein d’un « jardin-forêt », c’est assez simple et on fait vite le tour. Des références sont en ligne (ou en livre). Elles sont souvent accompagnées d’une prestation ou peuvent solliciter une participation pour consulter l’intégralité de l’information. Ces préconisations ne sont pas des recettes miracles. Il convient de les adapter au « terroir local » (tout en considérant l’évolution climatique). On peut lister quelques acteurs sur ce terrain :
Il existe aussi pas mal d’initiatives, de recherches et d’expériences à piocher sur le net (qui manquent des fois de vulgarisation pour le néophyte). On conseille trois liens :
- http://xoqeuee.cluster028.hosting.ovh.net/index.php/projet-verger-maraicher/
- https://permaforet.blogspot.com/2013/05/food-forest.html
- https://www.forêt-jardin-elzéard.com/associations-guildes/
On peut également se tourner vers la phytosociologie (qui étudie les communautés végétales) et consulter des bases de données (inventaires et classements) sur le biotope (ou les habitats). Mais, pour déchiffrer, il faut quand même quelques notions de botanique. On conseille deux liens :
Avec toutes ces informations, on en oublierait presque l’essentiel : « Ce que je sais, c’est que je ne sais rien » (Socrate). Alors essayons de faire simple, de tempérer notre envie de collectionnite et d’écouter notre cœur (qui plus proche de la terre que notre cerveau).
Rédiger son profil
Difficile d’être certain que notre sélection sera compatible avec le lieu, le temps ou le climax.
Mais déjà, on sait qu’on va adapter le « design » des guildes et faire au plus simple (surtout avec les moyens du bord!).
Ci-contre, une version complète des strates de « végétation » illustré par Permaculture Design.
Aussi, on commence par préciser nos attentes; ça sélectionnera naturellement quelques candidats :
- les herbacées et couvre-sol seront occupés par des vivaces majoritairement comestibles et disposées au pied de nos fruitiers. On commencera par 1 à 2 plantes par variété.
- les grimpants seront associés aux pionniers accolés aux fruitiers et non à nos plantations (trop petites).
- les buissonnants seront intercalés entre les arbres déjà plantés.
- et pour les arbustes et arbres, on implantera aux places libres : les sujets en pépibouturière et des nouveaux arrivants (qu’on aimerait bien intégrer au système).
Des critères pour bien choisir
Dans notre cas, nos partenaires archétypiques doivent autant s’agencer ergonomiquement et esthétiquement, que créer une abondance nourricière en quasi auto-gestion… Une utopie pour la société actuelle mais un système déjà éprouvé dans notre passé (pas si lointain) de cueilleur.
Certes, nos goûts ont plus évolué que nos besoins (primaires, bien entendu). Mais, as-t’on vraiment envie de manger du rutabaga et des chardons? Plutôt des tomates et des artichauts? Est-ce qu’on tente les bananes et les mangues ? On reste sur des prunes et des pommes? On laisse le lierre, on met de la vigne ou des fruits de la passion? Bouh!!! On a sobrement envie de tout…
Étant en transition, on va tenter un mix : du vivace sélectionné et du sauvage domestiqué. Et pour qu’il y ait coudoiement, il ne reste plus qu’à trouver les bons emplacements. Voilà peut-être le plus compliqué…
Car même si on a noté les bénéfices d’associer certains végétaux entre-eux, il nous faut encore les intégrer à des projections temporelles (distance de plantation) et surtout fonctionnelles. Ben woui, faudrait qu’ils puissent être accessibles (pour les premiers soins et les futurs récoltes) et suffisamment visibles pour que nos pieds (et la débrouss’) s’en souviennent…
Alors, ça matche ?
Avant de se lancer dans les associations, on jette un dernier coup d’œil à celles qui existent déjà sur le lieu. Déjà, on a conservé pas mal de pionniers (pour les principaux) : frênes, noisetiers, chênes, cornouillers, aulnes, saules, ormes aux côtés de nos plantations.
Ils sont accompagnés pour les herbacées : de menthes sauvages, eupatoires chanvrine, pulicaires, verveines sauvages, cirses, carex, pulmonaires et pour les grimpants : de ronces, tamiers, liserons, chèvrefeuilles et morelles (végétaux plus ou moins majoritaires selon les endroits).
Du coup, on va s’inspirer de leurs familles botaniques pour trouver leur analogue plus savoureux, du genre :
- le tamier (famille : igname ) par l’igname de chine
- le liseron (convolvulacées) par la patate douce
- la morelle douce-amère (solanacées) avec des tomates grimpantes
- la ronce (rosacées) par des mures sans épines
- la cirse, le chardon (astéracées) par l’artichaut, le cardon
- l’eupatoire chanvrine (astéracées) par le scorsonère
- la pulmonaire (boraginacées) par la consoude
- le carex (cypéracées) par le souchet tubéreux
Le premier rendez-vous
Nous y voilà! On tente de réunir les infos, nos envies et les possibilités du moment, puis on se fait une wishlist adaptée à l’ensemble. On verra si ces choix seront maintenus, le moment venu…
Fruitiers | Herbacé/ couvre-sol | Grimpant/volubile | Buissonnant | Arbre/ arbustive |
Pommier | Poireau vivace Ciboulette (contre tavelure) | Igname de chine | Cassissier | Caraganier |
Pêcher | Oignon rocambole Ail rocambole (contre cloque) | Glycine tubéreuse | Romarin (cloque) Artichaut | Baguenaudier |
Poirier- Nashi | Begonia semperflorens Échalote perpétuelle | Haricot grimpant | Cardon Fenouil vivace | Cormier |
Figuier | Topinambour Coriandre | Tomate grimpante | Cephalotaxus | Azérolier |
Prunier | Ail rocambole Consoude naine | Fruit de la passion | Groseillier Framboisier | Lespedeza de Thunberg |
Abricotier | Chénopode Basilic | Capucine tubéreuse | Myrthe | Feijoa |
Amandier | Thym Souchet | Patate douce | Asperge sauvage | Cerisier à grappes |
Noisetier | Fraise Livèche | Mûres sans épines | Indigotier rose | Amélanchier |
Cerisier | Raifort Scorsonère | Mûroise | Hostas guacamole | Nashi |
Châtaignier | Fougère Chervis | Apios Américana (haricot sauvage) | Framboise Gingembre rustique | Elaeagnus |
Cognassier | Menthe Ciboulette | Baie de Goji | Bois sent bon | Arbousier |
Noyer | Hémérocalle Pourpier | Houblon | Artichaut Framboisier | Murier |