Comment produire des noisettes et des mûres

Comment produire des noisettes et des mûres

Avec ses bois, ses haies et ses lisières, La Piboulade voit se développer avec abondance les noisetiers et les ronces. Mais l’abondance est ironique : elle est toujours là, surtout là où on ne s’y attend pas ! Elle donne sans compter et sans compromis.
Alors, opportunité ou contrainte ? Le mieux, c’est encore d’abonder dans son sens.

Le noisetier

Au fur et à mesure de nos observations, les noisettes disparaissent. Certaines tombent mortes, et d’autres ?… on a vu un écureuil à l’ouvrage ! Ajoutons l’été caniculaire (et oui, encore lui) et les feuilles qui ont rapidement jaunis, résultat : pas de noisettes. C’est réellement frustrant quant on voit la quantité de noisetiers sur site.

Nous revoilà en interrogation sur sa fructification (oui, on c’était déjà posé la question!).

Tout commence par la reproduction

Le noisetier est monoïque (fleurs mâles et femmes sur le même pied), anémophile (pollen transporté par le vent) et allogame (besoin d’une autre variété pour féconder : pollinisation croisée).
Allez, un dernier pour la route : il est souvent protandre (les fleurs mâles libèrent le pollen avant que les femelles soient murent). Une technique pour éviter la consanguinité.

Concrètement

Le chaton (fleur mâle) se développe de l’été jusqu’à l’automne, puis entre en dormance jusqu’à sa floraison en hiver. Une fois vidés de leur pollen, ils sécheront avant de tomber en mars/avril.
La fleur femelle, située à l’extrémité de certains bourgeons, apparaît à la fanaison des chatons.
Et c’est là que le bât blesse !

Multiplier les variétés !!!

Il faut se rendre à l’évidence : le noisetier aime la différence. En multipliant les variétés, on s’octroie une chance d’avoir des fleurs femelles prêtent à temps.

Un article super

On ne va pas réinventer l’eau tiède, d’autant qu’au détour de nos recherches on est tombé sur un article très complet, clair et illustré de François DROUET : La curieuse floraison femelle du Noisetier, publié sur www.fruitiers-rares.info

La taille

Au bout de quelques années (8 à 10 ans), les branches produisent de moins en moins de fruits. Il faut couper à la base ces branches les plus anciennes et en priorité celles qui se touchent. On scie les plus grosses, toujours en deux fois, pour éviter une déchirure. Si elles sont trop nombreuses, il faut étaler la taille sur plusieurs années pour éviter que le noisetier dépense son énergie à faire de nouveaux rejets au dépend des fruits.

Autre point d’intérêt : les noisettes ne se développent qu’à l’extérieur de l’arbre. Une petite éclaircie semble appropriée…
On commence par supprimer le bois mort, sec ou malade. Puis on coupe les rameaux qui partent vers le centre de la touffe ou s’entremêlent ainsi que les petites branches à l’intérieur. On peut également raccourcir toutes les jeunes pousses à 2 mètres de hauteur.

La ronce

Peut-être qu’en étant plus assidus sur les récoltes, on n’aurait pu faire 3 pots de confiture ! (cf : « Une « j’y-fout-tout », svp ! »).
Il n’empêche, avec toutes ces ronces, il devrait y avoir plus de fruits.

C’est une pionnière

Sa mission : coloniser un espace champêtre pour créer écosystème forestier (ou une couverture du sol).
Son super pouvoir : l’hormone de croissance.
Son caractère : obstinée (elle accomplira sa mission coûte que coûte!).
D’ailleurs agressée, elle devient plus forte, s’adapte et se déploie ! Mais son ouvrage est capital : elle protège et nourrit les jeunes arbres, le sol et la faune. Au bout de quelques années, quand les arbres sortent de cette pouponnière, ils s’étoffent et ombragent les ronces, qui disparaissent peu à peu (cycle sylvigénétique).

La fructification

Les ronces donnent un fruit : la mûre, qui est techniquement un regroupement de petits fruits (des drupes). Les fleurs apparaissent de mai à septembre et elles donnent des fruits entre juillet et octobre (à la Piboulade, en tout cas !).
Seules les tiges de 2 ans fructifient. Elles mourront ensuite pour devenir sèchent, coriaces et piquantes (sauf si vous taillez à blanc). Elle se reproduit toute seule, comme une grande : par multiplication végétative (donc plus par marcottage que par le semi de ses graines).
Les rameaux sont annuels ou bi-annuels. La ronce peut être palissée et conduite par pied (en ne conservant que les 7 ou 8 rameaux les plus robustes). C’est ainsi qu’on peut s’assurer une mise à fruit d’une année à l’autre.

Différentes espèces

Il y aurait 2 000 espèces décrites en Europe, mais on va se concentrer sur les 3 espèces sauvages les plus connus. Parce qu’en plus, elles sont polymorphes. C’est un peu compliqué pour les différencier….
Par contre, ce sont d’excellentes plantes bio-indicatrices. La ronce à feuille d’orme (Rubus ulmifolius) indique un endroit héliophile et thermophile, alors que la ronce bleue (Rubus caesius) et la ronce des bois (Rubus fruticosus) indique une zone fraîche et ombragée.

Un article super, une vidéo instructive

Comme on n’a pas non plus inventé le fil à couper le beurre, on vous conseille la lecture de l’article « Cultiver avec les Ronces » de Natacha Leroux.
Ça donne grave envie de faire des niches écologiques !

Et à côté, une vidéo de Rémi, Le Jardin d’Emerveille.

Et si elles étaient malades ?

Pour fructifier, il faut être en forme!

On l’a déjà mentionné, mais le soleil et la sécheresse ont causé bien des dégâts cette année. Peut-être que si les mûres ont séché, c’est qu’il faisait trop chaud !!!

Mais on a vu des galles sur certains rameaux. Donc le Lasioptera rubi ?
On a aussi vu des mûres qu’en partie mures. Ou alors, l’ériophyide des ronces ?

A l’occasion, on se penchera sur la publication ci-contre : « Maladies et insectes des framboisiers et autres ronces », du ministère de l’agriculture du Canada.